La Gaspésie à l’embouchure du Saint-Laurent.

Un joli brin de route après Québec va me mener vers la pointe nord-ouest de la province, le long du Saint-Laurent. La route qui suit le grand fleuve devient accidentée alors que le mont Jacques-Cartier est en vue. Des îles s’égrènent en chapelet le long de la côte découpée.

Je pris, un jour, le bateau pour longer le parc de Forillon à la pointe nord de la péninsule. La houle s’était levée, des enfants pleuraient, des femmes se couvraient. Des phoques habitués à ces humains décidément curieux se prélassaient impassiblement sur les rochers au pied des falaises pendant que d’autres s’occupaient à pécher ou peut-être à batifoler.

Plus loin se sont installées les villes de Gaspé et de Percé, fière quant à elle de son Rocher-Percé digne emblème de la péninsule. De là J’embarquai vers l’île Bonaventure, célèbre pour ses colonies de Fous de Bassan. .

En naviguant autour de l’île, on reste subjugué devant les hautes falaises dont les anfractuosités sont envahies par des myriades d’oiseaux qui s’y nichent ou qui fendent le ciel. Une fois accosté sur l’île, on peut les côtoyer de près, peu farouches qu’ils sont devant les visiteurs.

   Les Fous de Bassan sont de remarquables voiliers. Dès qu’ils aperçoivent un poisson, ils plongent en piqué et frappent l’eau à près de 90 km/h. Puis ils s’enfoncent jusqu’à cinq mètres de profondeur et regagnent la surface en capturant le poisson par en dessous. Ils s’ébrouent, les ailes dépliées, avant de prendre leur envol.

   La falaise est couverte de milliers de spécimens. Pourtant, lorsque l’oiseau revient au bercail, il retrouve son propre nid et se garde bien de poser une patte chez son voisin. Si par distraction, il se trompait, il doit lui montrer par des gestes appropriés qu’il n’est pas belliqueux et retourne à sa place. Dans les colonies denses, un code de conduite très élaboré évite les querelles. Une monogamie durable est aussi facteur d’équilibre.

   Le mâle assure seul la création ou la réfection du nid constitué d’algues et de débris végétaux divers. Lorsqu’il est prêt, la femelle pond un seul œuf.

   Leur bec acéré comme un poignard, la nuance chamois clair à l’arrière de la tête et leur corps en fuseau effilé leur apportent une silhouette tout à fait originale.

   N’ayant pas de prédateur, les fous de Bassan vivent 26 ans.

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