Dans les années 60, Londres devient la capitale de la culture pop. La musique pop (Les Who, les Rolling Stones, les Beatles.), la mode pop dans les boutiques de Soho ou de Carnaby street deviennent pour les jeunes des formes d’expression populaire. On milite (déjà) contre le nucléaire et pour la libération sexuelle.
On appelle cette période : London Swinging (Sixties).
Certes, ce mouvement concerne surtout la jeunesse. Mais le cinéma (Blow up), la télévision avec la série évoquée plus loin et l’apparition de James Bond participent à cette évolution sociétale. Son rayonnement est mondial. Par sa vitalité, son ouverture d’esprit, Londres accueille la jeunesse du royaume, mais aussi du continent. Avant San Francisco, avant Paris, Londres symbolise, en ces années-là, tout simplement, une renaissance culturelle, une modernité et une liberté, notamment dans l’habillement.
En toute humilité, je constate aujourd’hui combien ces séjours ont été pour moi révélateurs. Pourtant, me suis-je rendu compte de cette mini-révolution, de ce London look ? Que pouvais-je penser à 16-18 ans, si ce n’est l’étonnement ?
Mais les lieux de ces premiers émois reflètent encore sur mon présent une douce lumière de souvenirs.
Le mouvement prit fin au début des années 70.
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Un bus rouge s’approche. Nous allons sauter sur la plate-forme arrière. Any more fares ? – tickets ? Annonce un contrôleur. Nous montons à l’étage en chancelant. Par chance les places de devant sont libres. Quelle expérience nouvelle pour un adolescent ! L’absence de trafic augmente tout d’un coup la vitesse du bus et déjà nous approchons de Saint Paul qui avec son large dôme apparaît soudain sur une petite place. Dans quelques minutes nous serons au pied de la Tour de Londres avec en toile de fond le Tower Bridge. Laissons filer le temps, laissons aux corbeaux aux ailes rognées celui d’avoir leurs petits [1].
Nous reviendrons l’œil plus vif et les sens plus aiguisés. Les « Beefeater » qui gardent l’enceinte auront vieilli, mais pas leurs costumes de l’époque Tudor qui seront frais repassés.
Nous sommes dans la City. Sans le vouloir, nous croisons des John Steed et des Emma Peel. Que sont-ils devenus ces archétypes de « chapeau melon et bottes de cuir » qui peuplaient les années soixante ? Surpris par « le vent nouveau » que prédisait le conservateur MacMillan en 1961, les gentlemen ont rangé leurs accessoires.
La City en a perdu ce qu’elle avait d’insolite.

[1] Une légende dit que le jour où le dernier corbeau s’échappera de la tour de Londres la monarchie s’effondrera. On les soigne et on leur coupe les ailes en partie.
